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samedi 29 août 2015
Alain Juppé et l’école : ni idée ni réforme, l’immobilisme
L’éducation est la mère des réformes, nous dit Alain Juppé. À lire ses propositions pour l’école, dévoilées le 26 août, nous ne sommes guère rassurés par ses capacités réformatrices : il ne propose rien, se contentant d’enchaîner quelques banalités, avec la volonté de ne surtout pas modifier un système qui s’effondre. Il l’a d’ailleurs dit, il ne rectifiera pas ce que l’actuel gouvernement a fait de mal. Pas question pour Alain Juppé de revenir sur la réforme des rythmes scolaires, pourtant inutile et très couteuse, ni sur les nouveaux programmes du collège prévus pour 2016. Sa réforme commence par le statut quo, elle se poursuit par l’immobilisme.
Alain Juppé n’évoque jamais la question des horaires, des contenus pédagogiques et de l’organisation de l’année. Il ne propose aucune vision précise, se limitant à des propos généraux que personne ne peut contester : faire en sorte que les enfants maîtrisent la langue française, créer des sous-groupes et des commissions pour aider les enfants qui décrochent, augmenter les moyens du primaire. Sans rien préciser de plus quant à la façon de mettre en place cela. Rien n’est dit sur le bac, ni sur l’orientation et les liens avec l’université. Alain Juppé dit qu’il faut que les élèves sortent avec une formation. C’est bien la moindre des choses.
Il propose d’accroître de 10% le revenu des professeurs. Cela couterait 1,5 milliard d’euros. Où trouve-t-il cet argent ? Il ne le dit pas. Il propose aussi de réaffecter les moyens du secondaire vers le primaire. Qu’entend-il pas cela ? Le secondaire manque de professeurs, l’Éducation nationale n’arrive plus à recruter. S’il s’agit de faire travailler des professeurs du lycée et du collège en primaire, il aurait pu se rendre compte que ce n’est pas tout à fait le même métier, notamment compte tenu du fait de l’âge des enfants.
La proposition 9 (sur un total de 20) pourrait être la plus intéressante. Il s’agit de donner un semblant d’autonomie aux établissements scolaires : faire en sorte que le directeur soit nommé par le conseil d’administration de l’établissement. C’est une bonne chose, à condition que ce directeur puisse recruter librement ses professeurs, et gérer tout aussi librement les finances de son établissement. Mais de tout cela, Alain Juppé ne dit rien. Au vu de la tiédeur de ses propositions, on doute qu’il parvienne jusqu’à une telle audace.
En bon chiraquien, Alain Juppé est un réformateur timoré. Ses chemins pour l’école se perdent dans le statu quo, le manque d’initiative et d’audace, et sont bien loin de répondre aux défis posés par l’effondrement du système scolaire. Si Alain Juppé en fait la mère de toutes ses réformes, on peut craindre pour la suite de ses propositions, qui devraient surtout porter la marque de l’immobilisme.
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