Diên Biên Phu

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samedi 12 janvier 2013

Les éditions Tallandier poursuivent leur collection consacrée aux grandes batailles, non sans un certain à propos, car cette collection est appelée « L’histoire en batailles » alors même que l’expression histoire bataille a été forgée par l’école des Annales pour dénigrer une histoire dont elle ne voulait plus. Pendant des décennies il a fallu écrire l’histoire des mentalités, l’histoire sociale, l’histoire politique, mais surtout pas l’histoire bataille. Désormais elle revient, et de façon officielle chez un éditeur reconnu de l’histoire. Notre discipline est décidément bien cyclique.

Le nouveau volume est consacré à la bataille de Diên Biên Phu, en 1954, et a été rédigé par Ivan Cadeau. C’est la dernière grande bataille de l’armée française, sa dernière grande déroute, qui a forgé une génération de soldats, une nouvelle génération, après celle de la Deuxième Guerre mondiale. La guerre d’Indochine est temporellement mal située pour avoir une mémoire efficace : elle est trop proche de la guerre mondiale, comme phagocytée par elle, et avant la guerre d’Algérie, dont les combats souffrent d’une hypermnésie. Trop souvent on range la guerre d’Indochine dans le rayon des guerres coloniales, sans voir ce que cette guerre a de spécifique.

L’auteur montre bien l’aspect traumatisant de cette défaite. La France était censée être beaucoup plus puissante que l’armée politique du Vietminh, et surtout mieux préparée et mieux outillée. C’est elle qui a voulu cette bataille, pour gagner enfin sur son terrain, et sortir de la guérilla. Et pourtant, elle a largement perdu.

Impossible de penser à cette guerre sans évoquer Pierre Schœndœrffer, qui était présent à Diên Biên Phu comme caméraman, et qui a connu les camps du Vietminh. De cette défaite sont ainsi sortis de très beaux films, et la figure juvénile et frêle de Jacques Perrin dans la 317e section, qui personnifie si bien le courage tenace de l’Européen au combat. Dans cette parcelle de gloire ont résonné le courage et l’héroïsme des soldats français, la hauteur de vue du général Bigeard, dont les cendres ne reposeront probablement jamais dans ce champ. Cette bataille est si moderne qu’elle a un côté terriblement antique, rappelant les charges au corps à corps des hoplites grecs contre les Perse. C’est tout le charme de ce livre que de nous présenter tous les enjeux et drames de Diên Biên Phu.

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