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jeudi 4 février 2021
L’école, c’est le grand combat de la gauche. C’est le mythe, toujours vivace, de l’école de Jules Ferry, des hussards noirs de la République, du creuset républicain, de la laïcité. Un rôle social et missionnaire pour beaucoup d’enseignants : celui de transmettre les valeurs de la République aux enfants qui leur sont confiés. C’est pour cela que Ferry a nationalisé l’éducation au cours des années 1880, pour fabriquer des républicains et ancrer le nouveau régime dans les esprits et dans les cœurs de la population française qui n’y était pas majoritairement favorable. Le corps enseignant a longtemps été la colonne vertébrale du Parti socialiste et de la gauche française. Un groupe social homogène, intellectuel, adhérent de la Maif et de la Camif, écoutant France Inter et, bien évidemment, votant PS aux élections. Ce modèle sociologique appartient désormais au passé. Le corps enseignant est fracturé et multiple, il n’a plus de culture commune ni de références intellectuelles partagées. Une étude commandée par la Fondation Jean Jaurès et réalisé par Jérôme Fourquet démontre à quel point le corps enseignant a perdu toute homogénéité, surtout dans la nouvelle génération.
Le monde enseignant n’a cessé de croître, passant de 808 000 personnes en 1990 à 866 000 en 2019, et cela en dépit de la diminution démographique du nombre d’enfants. Le taux de syndicalisation a fortement chuté, passant de 45% en 1990 à 30% en 2020. Si beaucoup d’enseignants sont encore syndiqués aujourd’hui, c’est aussi et presque surtout pour s’assurer une bonne affectation : les syndicats contrôlant les mouvements de personnel, être syndiqués permet d’obtenir plus facilement l’établissement souhaité. Une façon pour les syndicats de maintenir leur mainmise et leur prééminence.
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