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mercredi 25 novembre 2015
La République décapée
Frédéric Rouvillois a entrepris de décaper la République. Cette dame de 223 ans est régulièrement repeinte aux couleurs de ses valeurs proclamées : laïcité, éducation pour tous, égalité, démocratie, ouverture… L’auteur constate que le discours politique ne cesse de revendiquer la république et de multiplier les références à cette chose, sans réellement la définir. On promeut ainsi les banquets républicains, les marches républicaines et les valeurs républicaines. Imagine-t-on pour autant des valeurs monarchiques ou des marches monarchiques pour dire « Je suis Charlie » ? Or, si le discours se réfère à la République, le terme n’est jamais réellement défini. De même, ceux qui le pratiquent se rattachent à une République statufiée, idéale et intemporelle, alors même que l’idée de République en France est évolutive : celle de 1792 n’est pas celle de 1848 ou de 1880.
Au crible de cette analyse, République devient un label creux et un concept vide. En juriste qu’il est, Frédéric Rouvillois étudie les textes, les discours, les références et il constate que la République a surtout édifié un mythe auquel elle essaye de se rattacher, sans que ce mythe soit réel. La construction est totale et la réalité fluctuante. Il en va ainsi de l’éducation, qui n’est pas spécifiquement républicaine, ou de la laïcité, dont le concept est neuf dans l’histoire de la république et date en fait des années 1950. République est un terme à la fois creux et sacré. On ne touche pas à la République, et nul n’oserait se dire non républicain. Un terme sacré auquel on ne touche pas, mais qui ne repose sur aucun fondement historique ou philosophique ; un terme incantatoire qui essaye de rassembler les Français autour d’une foi commune, celle de la foi républicaine.
Pourtant, après l’analyse précise de Frédéric Rouvillois, il ne reste plus grand-chose de ce concept. La République apparaît dans ce qu’elle est : un mot creux, dénué de fondement politique, qui est surtout une construction intellectuelle permanente pour tenter de cacher les trous et les vides.
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