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jeudi 25 mai 2023
Maire de Montesson de 1995 à 2020, Jean-François Bel est décédé le 16 mai dernier. Comme maire et vice-président du département des Yvelines, c’était une personnalité publique, connue par ses électeurs et concitoyens, même si l’image publique cache et efface la personne privée.
Il y a quelques années, avant un conseil municipal, une élue de notre groupe majoritaire nous annonça qu’elle était enceinte. Il eut alors cette réponse, surprenante de prime abord, mais qui montre la profondeur de sa personnalité : « Vous faites bien ; les enfants, c’est ce que j’ai fait de mieux de ma vie ». Surprenante, parce que cet homme qui, aux yeux du monde et du public avait « réussi » (directeur d’une filiale d’une grosse entreprise industrielle, maire régulièrement réélu, vice-président de l’un des plus importants départements de France), ramenait les choses à l’essentielle : son épouse et ses enfants ; choses qui, aux yeux de beaucoup, surtout en politique, comptent peu.
Un maire passionné
Les Français ont une relation bizarre et déformée avec les élus politiques. D’un côté ils les adulent, les voyant presque comme des demi-dieux qui seraient capables de faire leur bonheur et de résoudre leurs problèmes. De l’autre, et parce que les élus ne sont pas ces demi-dieux, ils les détestent et les rendent responsables de tous les problèmes. Une relation immature à la politique qui engendre des tensions inutiles et parfois des haines improbables. S’il y a un trou dans la chaussée, un retard du bus, un problème à l’école, c’est nécessairement la faute du maire. Il faut beaucoup de patience, de calme, de courage aussi pour tenir cette fonction difficile et être au niveau de cette responsabilité. Les habitants voient ce que le maire fait, en bien et en mal, ils ne voient pas ce que le maire a évité, qui aurait pu être mauvais. Cette ingratitude inhérente à la charge politique peut rendre aigri ou désabusé. Ce ne fut jamais le cas de Jean-François Bel qui avait une grande passion pour sa commune et pour ses habitants et qui, tout en restant fidèle à ses idées, savait écouter et échanger avec tous.
Une action au service de tous
Sa passion pour Montesson l’a conduit à gagner une première fois, en 1989, face aux socialo-communistes qui tenaient alors la ville depuis plusieurs décennies. Pierre Gesta devint maire (1989-1995) et Jean-François Bel maire-adjoint. Puis il fut conseiller général du canton du Vésinet / Montesson en 1992 (jusqu’en 2015) et ensuite vice-président des Yvelines et maire de Montesson à partir de 1995.
Sa grande action fut l’aménagement de la commune et la préservation de la plaine maraichère, ce qui évita à Montesson de devenir une ville dortoir mortifère comme cela aurait pu être le cas. La ville connut une croissance démographique raisonnée, qui permit de maintenir un cadre de vie agréable tout en accroissant les services. L’aménagement du centre-ville, notamment le parc des Sophoras et la place de l’ancien marché, la construction de la digue à Montesson (plus de 20 ans de combat), l’amélioration de la voirie, des infrastructures, des écoles, tout cela se fit avec une vision de long terme et un souci constant de l’équilibre budgétaire.
Même si les finances sont choses qui échappent à beaucoup, elles sont fondamentales. Jean-François Bel a non seulement désendetté la commune, mais il a aussi tenu les impôts dans un cadre restreint, faisant de Montesson l’une des communes des Yvelines les moins endettées et les moins imposées. Combien de fois l’opposition socialiste nous a reproché cette gestion en demandant d’accroître la dette afin d’obtenir des réalisations immédiates. Une politique de courte vue et de mauvais développement.
Un homme attentionné
Avoir été élu à ses côtés durant deux mandats (2008-2020) fut une grande chance tant il est enrichissant de pouvoir travailler et apprendre auprès d’hommes de bien. Un homme honnête et aimable, humain, ne cherchant pas à écraser ou détruire les autres, comme cela se rencontre si souvent en politique. Un homme passionné, obstiné quand il fallut faire preuve de ténacité sur des dossiers compliqués et face à des administrations ou des communes voisines désireuses de marcher sur les intérêts de notre ville. Un homme respecté par ses adversaires politiques, car lui-même les respectait. Lors de nos conseils municipaux, il n’y a jamais eu de tensions inutiles ni de déflagrations. Un homme au service de sa commune, comme il le démontra lui-même en se retirant en 2020. Il avait établi, dans notre équipe, la règle de ne pas se représenter après avoir dépassé 70 ans. Cela ne fut pas sans remous auprès de quelques élus qui espéraient pouvoir poursuivre au-delà de cet âge. Cette règle, il se l’appliqua lui-même, d’abord en ne se représentant pas au conseil départemental en 2015 puis à la mairie en 2020. Quand beaucoup s’accroche à leur poste, ce détachement est une autre marque de son sens du bien commun.
Enfin, que ce soit à la mairie ou au département, il a toujours eu le soin et le souci des employés et des fonctionnaires des administrations, conscient de l’importance de leur travail et de leur rôle. Un soin des autres et de tous qui est l’une de ses marques tout au long de sa carrière politique.
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