Vous êtes ici : Accueil > Articles > L’Etat du Vatican, un modèle pour les autres Etats ?
jeudi 27 mars 2014
L’ambiguïté qui règne autour de l’IOR, la bureaucratisation rampante de certains services de la Curie, une mauvaise gestion des ressources propres à chaque dicastère, ont conduit le pape François à mettre en place, dès son arrivée, une réforme économique et financière de l’État du Vatican. En cela, cet État amorce une normalisation qui n’est pas sans rappeler les politiques budgétaires mises en place par de nombreuses administrations occidentales. Réduction du nombre de fonctionnaires, rationalisation des dépenses, surveillance et contrôle des coûts et des budgets.
Le Motu proprio du 25 février 2014 portant création d’un Secrétariat à l’économie, présenté par Radio Vatican comme un ministère des Finances, et chargé de coordonner la gestion économique et administrative du Saint-Siège et de l’État de la Cité du Vatican, témoigne de cet alignement du Vatican sur les normes internationales actuelles. Si, de par sa taille et son rôle international, le Vatican est un État spécifique et unique dans le concert des nations, son fonctionnement interne ne peut en revanche s’en distinguer. Cette nouveauté nous ramène en fait assez loin dans le passé, du temps où les États pontificaux dominaient la majeure partie de l’Italie centrale, avant les années 1860. Véritable puissance temporelle, dotée d’une armée, de finances, d’une puissance diplomatique et militaire de rang, les États de l’Église devaient gérer leur finance aussi sainement que possible. Cette création de février 2014 nous rappelle que depuis les accords du Latran de 1929, le Vatican est bien un État avec juridiction temporelle, et qu’il doit tenir compte de ce que cela implique.
Le processus de rationalisation bureaucratique a conduit le Vatican à faire appel à des cabinets d’audit internationaux, McKinsey et KPMG, pour rendre les moyens de communication du Saint-Siège plus efficace, et aligner la comptabilité de l’État sur les standards internationaux. Le Vatican prend modèle sur ses voisins et suit finalement les mêmes politiques d’austérité budgétaires que les autres États européens. En cela, et en dépit de sa spécificité spirituelle, il s’insère pleinement dans le concert européen.
Il est en revanche un élément de sa gestion qui est unique dans le monde développé, et qui pourrait servir d’exemple bien au-delà de ce que l’on pense, à savoir son équilibre budgétaire et son mode de prélèvement de l’impôt.
Le Vatican est en effet un des rares pays occidentaux à être en excédent budgétaire, même si le début des années 2000 a été marqué par des déficits consolidés.
Les ressources du Vatican reposent essentiellement sur les revenus touristiques (visite des musées, vente de timbre et de monnaie), du capital mobilier et immobilier et du denier de Saint-Pierre. Cette dernière rentrée d’argent est intéressante, car il s’agit d’une contribution volontaire des catholiques qui font des dons au Vatican pour que celui-ci puisse subvenir à ses besoins. Ce sont l’Allemagne et les États-Unis qui fournissent les dons les plus importants au denier de Saint-Pierre.
Imagine-t-on des États fonder leur entrée d’impôt sur des dons volontaires ? Cette pratique les obligerait à être très transparents sur les dépenses étatiques et à établir un véritable lien de confiance entre eux et leurs citoyens. Les Français donnent librement à de nombreuses associations caritatives qui ne vivent que de la charité personnelle. Pourquoi, à l’image du Vatican, ne pas faire reposer les ressources des États sur le libre consentement à l’impôt des administrés ?
Thème(s) associés :