Vous êtes ici : Accueil > Articles > L’UE n’a pas apporté la paix
jeudi 5 juin 2014
Il est navrant que les admirateurs de l’Union européenne utilisent de mauvais arguments pour la défendre. Il est navrant aussi d’assimiler l’Union européenne, une structure politique, à l’Europe, qui est une expression géographique, une construction culturelle, et une donnée historique. Dire que l’Europe a apporté la paix est donc un non-sens. C’est l’Union européenne qui aurait pu apporter la paix au continent européen. Mais cela aussi n’est pas vrai.
L’Europe n’a pas connu 70 ans de paix
Alors que nous commémorons en 2014 les 70 ans du débarquement en Normandie, il est commun de dire que l’Europe a apporté la paix au continent. Rien n’est plus faux. C’est oublier que l’Europe ne s’arrête pas à la frontière du Rhin et que tous les pays d’Europe centrale ont connu 46 ans de guerre, celle de l’oppression du communisme. Pour les Polonais, les Hongrois ou les Tchèques, la guerre ne s’est pas arrêtée un matin du 8 mai 1945 à Berlin, elle s’est achevée avec l’effondrement du système soviétique et la liberté retrouvée au cours de l’année 1991. Force est de constater ici l’échec flagrant et grandissime de la construction européenne, qui a été incapable de mettre un terme à l’oppression communiste sur la moitié du continent. Ces peuples qui veulent aujourd’hui rejoindre l’UE ont la mémoire courte et ne sont guère rancuniers. Ils ne semblent guère gêner de vouloir rejoindre une structure politique qui fut incapable naguère de les protéger et de les libérer.
L’Europe est toujours en guerre
Quand on parle de 70 ans de paix, on évacue souvent d’un revers de manche le conflit yougoslave, comme un fait négligeable. C’est oublier que Belgrade se trouve à 2 heures d’avion de Paris, que l’amitié franco-serbe est une des plus anciennes du continent, et que les Slaves sont tout aussi Européens que les autres peuples d’Europe. C’est oublier aussi que ce conflit, débuté en 1992, dure encore aujourd’hui, et qu’il est réactivé par le fait que les Albanais du Kosovo ont proclamé, de façon unilatérale, la sécession de cette province serbe en 2008. Là aussi, l’UE fut incapable d’arrêter la guerre et les massacres. L’UE a même été à la remorque de l’OTAN et elle s’est faite complice des crimes et des massacres commis par cette alliance, notamment à l’égard du peuple serbe. Dans les Balkans, l’Europe c’est la guerre. Pour les chrétiens oppressés du Kosovo, la réalité de la paix est encore loin.
Mais il n’y a pas que dans les Balkans que l’Europe connaît des tensions et des conflits armés. Dans de nombreux endroits de son territoire le terrorisme est une réalité douloureuse. En Irlande, où l’UE fut incapable de faire progresser le processus de paix. Au Pays Basque ; où ce sont l’Espagne et la France qui luttent seules contre les attaques, en Italie, où la mafia s’infiltre sans que l’UE ne puisse y mettre un terme. L’incapacité de l’Europe politique d’établir la paix est une réalité quotidienne. Ce sont les États, munis de leur souveraineté, qui assurent seuls la protection de leur peuple.
Que dire aussi de l’incapacité de l’UE de juguler et de contrôler les flux d’immigration illégale ? Par la Grèce, par Lampedusa, par la France et par l’Espagne, ce sont des milliers de migrants qui viennent déstabiliser les pays d’Europe, sans que l’UE ne puisse rien faire. Cette guerre culturelle et démographique est une réalité qui échappe complètement aux hommes politiques de l’UE.
En fait, le premier mensonge est de dire que l’Europe est en paix depuis 70 ans. L’Europe est en guerre, et ce n’est pas l’UE qui nous en protège.
Le Rhin n’est pas l’Europe
Quand on pense à la paix en Europe, on la réduit trop souvent à la paix entre la France et l’Allemagne. Il y a bien là, depuis 1945, 70 ans de paix. C’est une première dans l’histoire de ces deux pays. S’il y a paix, c’est qu’il y a eu réconciliation. Celle-ci n’est pas le fait de l’UE mais des États, et surtout de chefs d’Etat qui ont eu le courage de la paix et du pardon. De Gaulle et Adenauer, réunis à Reims le 8 juillet 1962 pour une messe solennelle. Mitterrand et Kohl à Verdun, le 22 septembre 1984. La paix franco-allemande est le fruit de la volonté de ses dirigeants et de la compréhension de ses peuples, non d’une intervention de l’UE. Avant cela il y avait eu la réconciliation avec l’Angleterre, les deux pays étant en paix depuis 1815, la réconciliation avec l’Espagne, avec l’Autriche et avec la Russie. Que nous n’ayons pas connu de guerre avec l’Allemagne est tout à fait louable, mais le Rhin n’est pas l’Europe. Le sang de la guerre a coulé sous les ponts du Danube, de la Volga, de la Liffey et de la Moskova.
L’UE risque de provoquer une nouvelle guerre
Dans les rapports de puissance, de la Serbie à l’Ukraine, on se rend bien compte que l’UE est incapable d’imposer un style, une vision, un point de vue. Les États-Unis et la Russie utilisent notre continent comme un terrain de jeu et de combats, sans que les Européens puissent affirmer leur souveraineté. Pire même, l’UE risque de provoquer des guerres en Europe.
Des guerres économiques d’abord, en imposant aux peuples du sud une monnaie qui ne convient pas à leur économie, qui les étouffe, qui brise leur développement, qui provoque inflation et endettement.
Des guerres culturelles. En se faisant le défenseur d’une immigration non contrôlée, en favorisant la venue de populations difficilement assimilables et potentiellement hostiles, l’UE sème les graines d’une guerre culturelle et ethnique à venir.
En affaiblissant les États, en niant le statut d’intangibilité des frontières étatiques et en privilégiant l’émergence des mouvements régionaux, l’UE sème des germes de discordes. Que se passera-t-il en Espagne si la Catalogne demande son indépendance ? Que se passera-t-il quand les peuples en auront assez d’être bafoués et oppressés par des structures administratives anti-démocratiques ? La révolte des peuples risque d’être assez terrible, si ceux-ci en ont le courage.
C’est la paix qui a bâti l’Union européenne, et c’est cette Union qui risque de remettre la guerre sur les rives du Rhin.
Thème(s) associés :