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lundi 11 décembre 2017
C’est un livre salutaire que publie Jean-Marc Daniel, consacré à une folie française : les impôts. L’auteur, professeur d’économie et fin connaisseur de l’histoire économique de la France, retrace soixante ans d’histoire, de 1958 à nos jours, qui sont soixante années d’augmentation continue des impôts, de création de nouvelles taxes et d’accroissement des taux. Soixante années au cours desquelles les prélèvements obligatoires n’ont cessé de croître, ainsi que l’endettement de l’État.
Impôt sur les portes et fenêtres, capitation, impôt sur le revenu, taxe sur la consommation (TVA), Jean-Marc Daniel montre comment la France est passée d’impôts de type Ancien Régime à des impôts modernes, tout en conservant souvent les anciennes structures fiscales. C’est qu’en la matière, il est plus facile de créer que de supprimer. La droite le sait bien, elle qui vota une motion de censure contre le gouvernement de Michel Rocard en 1990 pour s’opposer à l’instauration de la CSG et qui ne supprima pas cette contribution en 1993. Bien plus, le nouveau gouvernement de droite en augmenta les taux. L’auteur rappelle ainsi les évolutions de la finalité de l’impôt. Celui-ci ne sert plus seulement à subvenir aux besoins essentiels de l’État, mais aussi à redistribuer et à réduire les inégalités puis à modeler les comportements et à construire les choix des consommateurs. Ainsi, l’impôt n’a plus seulement une fonction de financement, mais aussi de création sociale. Sa nature en est transformée, et à partir de là il est normal que ses taux ne cessent de croître.
Son livre propose une autre histoire de la France, à travers sa fiscalité et les palinodies des gouvernements successifs. On peut regretter qu’il n’aille jamais au cœur du sujet et aux raisons profondes de l’existence des impôts. Ainsi, la question de l’État providence n’est jamais posée, alors que c’est cette structure sociale qui impose une hausse croissante des impositions. De même l’auteur n’évoque pas le rôle joué par la démocratie et le suffrage universel. Car que veut le peuple ? Moins d’impôt pour lui, mais plus d’argent venant des autres. Ainsi marche la fiction qui permet à tout le monde de vivre aux dépens des autres. Là réside la philosophie de l’impôt et donc la raison d’être des augmentations successives et répétées. C’est donc un très bon ouvrage, à compléter avec celui de Philippe Nemo. L’ouvrage de Jean-Marc Daniel apporte les faits et les évolutions chiffrées, celui de Philippe Nemo la théorie et les soubassements intellectuels. Muni de ces deux ouvrages, le lecteur pourra comprendre les raisons de cette folie française.
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