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mardi 28 août 2012
Les taxes représentent environ 65% du prix d’un litre d’essence, quand le prix du baril de brut en représente environ 27%. Ce sont donc les taxes qui sont principalement responsables du coût de l’essence.
Le gouvernement promet une baisse de l’ordre de 2 à 4 centimes par litre. Si la baisse est de 3 centimes, sur une voiture dont le réservoir est de 50 litres, cela représente une économie de 1.5€ par plein. Mettons que notre automobiliste réalise deux pleins par mois, son économie sera de 3€ par mois, et de 36€ par an. On ne peut pas dire que le pouvoir d’achat des Français va augmenter de par cette baisse.
Mais il y a plus grave. Selon l’association 40 millions d’automobilistes, une réduction de 1 centime des taxes couterait à l’État 500 millions d’euros par an. Si la baisse de 3 centimes est partagée par les pétroliers et l’État, cette mesure causera au pays un manque à gagner de 750 millions d’euros. Il faudra bien les trouver ailleurs, puisque le déficit français est déjà abyssal. Nul doute que cette fausse baisse pour le consommateur, mais vrai manque à gagner pour l’État, sera compenser par une augmentation de la fiscalité dans d’autres domaines.
Le temps n’est plus aux saupoudrages et aux fausses mesures, mais aux vraies réformes fiscales, qui ne peuvent être couplées qu’avec une réduction des dépenses publiques dans les domaines où l’État dépense beaucoup.
Avec l’essence, il est un autre liquide fortement taxé, il s’agit des spiritueux. En janvier 2012, les taxes représentent 83.8% du prix de vente au consommateur des whisky, pastis, cognac, liqueurs et eau-de-vie (chiffres fournis par la Fédération Française des Spiritueux).
Le prix d’un litre de spiritueux vendu 13€ se décompose comme suit :
Prix de vente, hors droit et hors TVA : 2.10€
Taxes :
Droits de consommation : 6.64€
Cotisation Sécurité Sociale : 2.13€
TVA : 2.13€
Soit 83.85% de taxes.
Le gouvernement n’évoque pas encore la baisse de 3 centimes du litre de spiritueux. Peut-être que cela encouragerait les Français à boire, ce qui ne serait pas une bonne chose car, la France étant la principale consommatrice de psychotropes et d’antidépresseurs, et sachant que les médicaments se marient mal avec l’alcool, cela risquerait d’engendrer des accidents routiers, et donc de causer une diminution de la vente d’essence.
À travers l’essence et les spiritueux on découvre surtout l’absurdité du système français. Tant de choses dépendent de l’État : l’école, la santé, le sport, la culture, le logement, l’écologie … qu’il est nécessaire d’avoir des prélèvements fiscaux lourds pour payer toutes ces dépenses publiques. Jusqu’au moment où les Français se soulèvent contre les taxes et demandent une diminution des impôts, mais sans vouloir un désengagement de l’État dans les domaines qui ne sont pas les siens. La seule façon de diminuer les taxes, et de donner ainsi plus de pouvoir d’achat aux Français, c’est d’abord de réduire les dépenses publiques. Mais cette question ne semble pas à l’ordre du jour. Ne reste alors que la consolation de déguster un bon cognac, et de savoir que plus de 80% de la saveur de son verre est un impôt qui abreuve l’État providence.
Addendum, 29/08.
La baisse du prix de l’essence est finalement de 6 centimes par litre, pour une durée de 3 mois. A raison de deux pleins par mois de 50 litres, cela représente donc une économie de 3 euros par plein, et de 18 euros sur trois mois ou 20 centimes par jour.
La hausse du pouvoir d’achat est donc dérisoire, mais les conséquences pour les finances publiques sont grandes. Il y a environ 31 millions de voiture en France, ce qui représente un manque à gagner pour l’Etat de 550 millions d’euros. Ne doutons pas que cette perte sera comblée par l’augmentation d’une taxe.
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