Vous êtes ici : Accueil > Articles > Penseurs économiques du XVIIIe siècle 1/3
mercredi 13 novembre 2013
La révolution industrielle n’a pas attendu le XIXe siècle pour débuter en France. C’est au XVIIIe siècle que les prémisses de ce qui fut le grand développement industriel de l’Europe ont commencé. C’est de Paris que les frères Montgolfier font décoller leur ballon transportant un homme en 1783. Ce sont de nombreux aristocrates qui ont développé les forges, les mines de charbon et le travail de l’acier, tels les Wendel en Lorraine en 1704, les Solages à Carmaux en 1724 ou Christofle en 1793. Ces quelques exemples, que l’on pourrait largement développer, permettent de comprendre pourquoi la pensée économique c’est elle aussi développée en France dans ce même laps de temps. La théorie et la pratique se sont conjuguées, même si elles sont rarement menées par les mêmes hommes.
Les théoriciens français des débuts de l’économie industrielle sont assez peu connus. On s’arrête généralement aux physiocrates et à Quesnay, sans aller trop avant dans leur connaissance. C’est d’eux que nous allons brosser un portrait introducteur.
Un des premiers à former une doctrine économique est Pierre de Boisguilbert (1646-1714). Il a donc vécu avant l’écossais Adam Smith (1723-1790). C’est un des premiers à émettre l’idée que le marché agit comme un lien social, idée qui fut reprise par Smith et Bernard Mandeville (1670-1733, dont la fable des abeilles a été publiée la première fois en 1705).
L’idée principale développée par Pierre de Boisguilbert est la suivante : tous les hommes sont mus par leur amour-propre à une attitude de maximisation. Cet amour-propre est une force dissolvante pour la société, mais, s’il se trouve inséré dans un environnement économique de libre concurrence, il devient une force agrégative.
Comment ?
Boisguilbert définit qu’un des systèmes de communication entre les hommes est les prix. Or, les prix arrivent à un équilibre s’ils peuvent opérer dans un marché libre. D’où l’importance de la liberté des échanges, car rien ne doit troubler l’équilibre des prix qui s’établit entre les personnes. En laissant cette liberté des prix, on obtient un optimum économique, un équilibre, qui permet à l’amour-propre, ou à l’intérêt particulier, d’établir une harmonie entre les hommes. Cette idée se retrouve en partie chez Adam Smith et sa théorie de la main invisible.
Les entraves à la concurrence sont un désordre. Elles génèrent une classe oisive qui n’est pas obligée de produire et de vendre pour vivre, mais qui peut se contenter recevoir. Cela crée une classe de rentier, qui s’oppose à la classe des producteurs, et qui prend des décisions nuisibles à l’harmonie, car favorables uniquement aux rentiers et non pas aux producteurs. C’est cette perte de l’harmonie qui crée les crises économiques.
La théorie de Boisguilbert est d’autant plus remarquable qu’elle est élaborée à une époque où l’humanité est encore sujette aux aléas climatiques et aux crises d’origines naturelles. Nous sommes loin de la société d’abondance et de richesse qui est la nôtre actuellement. Mais cela témoigne aussi du fait qu’il est possible de s’arracher aux déterminismes naturels par une saine politique économique, et que l’homme est toujours capable de développement.
A suivre.
Thème(s) associés :