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mercredi 13 septembre 2017
On s’étonne que les populations de Corée du Nord ne se révoltent pas contre un régime que nous jugeons mauvais. Pourtant, nul ne s’étonne que les Français ne se révoltent pas contre l’Éducation nationale, la Sécurité sociale et l’État-providence qui prélève plus de la moitié des revenus. Cette construction de l’État providence, qui se fonde sur l’idéologie socialiste selon laquelle la propriété privée n’existe pas et pour laquelle la personne appartient à l’État, est une rupture dans l’histoire de l’humanité.
Ce sont les fondements intellectuels de l’impôt que Philippe Nemo analyse ici. La vision fiscale est le fruit d’une vision de l’homme : proportionnel ou progressif, taxant les biens familiaux ou les salaires, les entreprises ou les investissements, chaque impôt sous-tend une anthropologie.
L’auteur analyse l’impôt non pas d’un point de vue comptable et fiscal, mais selon l’angle philosophique pour comprendre comment les sociétés européennes en sont venues à accepter une vision socialiste de l’impôt et à taxer aussi abondamment leurs populations. Celui-ci se cache toujours derrière de bons sentiments (justice sociale, lutte contre les inégalités, entraide…), mais repose en réalité sur l’envie, l’appât du gain et la cupidité. Il flatte les passions pour dresser les populations les unes contre les autres, les riches contre les pauvres, dans un phénomène de dénomination d’un bouc émissaire bien analysé par René Girard. Au fondement de l’impôt moderne, il y a la préférence des hommes pour l’esclavage plus que pour la liberté.
Or Philippe Nemo démontre bien que les passions socialistes ne reposent sur aucun fondement scientifique, ni dans la version de Marx, ni dans celle de Keynes, ni dans la vision solidariste de Léon Bourgeois. L’impôt doit au contraire être fondé sur la liberté et ne servir à financer que les biens réellement utiles à la collectivité, les biens communs, comme la sécurité et ceux qui sont en dehors du marché.
Pire, en étant fondé sur le vol et le pillage, l’impôt socialiste opère une véritable mutilation des personnes, aussi bien matérielle que spirituelle, car on ne peut dissocier l’être et l’avoir. Cela rend les gens malheureux en les empêchant de développer leurs facultés et obère également les possibilités de progrès de la société. À terme, le danger est donc celui d’une régression de la civilisation européenne. L’attitude fiscale de l’État est pour le moins immorale, car il s’endette lourdement sur les générations futures, aussi bien les enfants d’aujourd’hui que ceux qui ne sont pas encore nés, leur laissant une dette qu’ils auront bien du mal à rembourser, en dépit de prélèvements fiscaux hors norme.
En analysant les différentes philosophies de l’impôt, les courants et les modèles de pensées, en expliquant comment l’État providence en est venu à s’installer et à s’enraciner dans les esprits, l’auteur décrit aussi les raisons de ce mal français que beaucoup perçoivent, mais n’arrivent pas à expliciter. Ce mal n’est pas dû à la mondialisation ou au libéralisme, mais bien à un socialisme philosophique et fiscal enraciné dans les mentalités.
S’inspirant des travaux de Hayek, il propose un modèle de fonctionnement de l’État qui soit réellement fondé sur la liberté, donc sur la séparation effective des pouvoirs législatifs et exécutifs. Cet État libéral est le seul à même d’avoir une fiscalité modérée et juste, permettant à la fois de répondre aux besoins essentiels de la population sans entraver leur liberté et leur créativité.
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