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mercredi 13 mars 2013
Lors d’un séminaire organisé pour des professeurs, j’ai demandé à un intervenant de présenter les principaux aspects du pédagogisme.
Je vous présente ici les notes que j’ai pu prendre au cours de cet exposé.
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Le constat
Le pédagogisme irrigue les programmes officiels. De nombreux enseignants, passés par les IUFM, appliquent ses méthodes, sans se rendre compte des ravages qu’il produit. Ses dégâts varient selon les disciplines. Les lettres sont fortement touchées, notamment depuis 2001, mais cela va mieux depuis un an ou deux. L’histoire est à son tour concerné, notamment depuis les nouveaux programmes de 2011. Les sciences, mathématiques et physiques, sont elles aussi fortement concernées.
Le pédagogisme est à l’origine de l’échec scolaire et de la perte de transmission des savoirs.
De quoi s’agit-il ?
Dans les années 1980 sont développées les sciences de l’éducation puis, dans les années 1990, les IUFM, chantres du pédagogisme. Sciences de l’éducation et IUFM furent les sentinelles et les propagateurs du pédagogisme en France, mais ce processus est général à tout l’Occident. Il est fils de la pensée consumériste.
Le pédagogisme développe une pensée à partir de slogans. L’élève doit participer et ne pas être passif. L’élève doit être mis au cœur du système. Ce sont autant de formules ambigües : il peut y avoir une part de bon dans ces propos, sauf que le sens qui y fut donné fut mauvais. L’élève doit ainsi construire son savoir par lui-même, il doit découvrir les choses, mais sur quelles bases ? Les élèves ont besoin d’être guidés et d’avoir des maîtres.
De même, il est demandé que les cours soient festifs et joyeux, qu’ils soient ludiques. Le problème vient alors de ce que cela comporte en creux : un effacement et une destruction de l’effort. Le savoir est dévalorisé. Le pédagogisme veut des passerelles, de l’interdisciplinarité, ce qui peut être une bonne chose, sauf que les moyens passent avant les contenus, le message devient prédominant sur la réflexion. Maîtriser la technique devient le seul objet de l’école, au détriment de la maîtrise du savoir.
Le pédagogisme institue aussi une déchéance de l’écrit, qui est dévalorisé au bénéfice de l’oral, notamment dans l’enseignement des langues étrangères. La grammaire ennuie, donc on n’en fait plus, le ludique doit triompher.
Le pédagogisme est l’arme intellectuelle du matérialisme et du consumérisme. On rejette ce qui n’est pas immédiatement utile ou utilisable. L’école devient un lieu de préparation à un métier ou à l’entreprise, ce qui est une déviance du sens de l’école et une grave erreur anthropologique. La formation devient une technicisation et une maîtrise des outils, notamment informatiques.
Ce faisant, on confond formation et apprentissage. Le pédagogisme fait usage de mots piégés et détournés, mais seule demeure la ruine intellectuelle.
Quelles sont ses origines ?
1/ Célestin Freinet, instituteur à partir de 1920. Blessé à la poitrine durant la Première Guerre mondiale, il ne pouvait pas parler longtemps. Il a donc mis au point une technique pédagogique pour que ses élèves puissent travailler seuls. Sa méthode s’est beaucoup diffusée, notamment du fait qu’il était communiste. Elle a aussi plu parce que, les élèves travaillant par eux-mêmes, cela évitait aux professeurs d’avoir à préparer leurs cours.
2/ Le mouvement du behaviorisme. Il s’agit de quantifier et de mesure les comportements. L’intériorité ne compte pas, seuls comptent les comportements extérieurs. Donc les savoirs intellectuels sont dévalorisés.
3/ Pierre Bourdieu. Il conceptualise l’héritage intellectuel et il veut abattre cet héritage pour abattre les élites. Il faut lutter contre l’élitisme, élite devenant un mot insulte.
4/ Philippe Meirieu. Dirige l’IUFM de Lyon. Sa dangerosité vient du fait qu’il mêle des choses justes avec des erreurs, ce qui biaise son propos.
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