Vous êtes ici : Accueil > Articles > Suppression de l’école à la maison : une mesure techniquement impossible
dimanche 18 octobre 2020
La décision d’interdire l’école à la maison est une atteinte profonde à la liberté éducative et aux droits des parents d’instruire leurs enfants. C’est une mesure inutile pour lutter contre l’islamisation des jeunes puisque, jusqu’à présent, 100% des terroristes sont passés par l’école publique. Mais c’est aussi une mesure impossible à appliquer compte tenu de son coût et des besoins humains qu’elle nécessite.
L’État a toujours dissimulé le nombre d’enfants scolarisés à domicile pour camoufler la défiance des parents à l’égard de l’Éducation nationale. On ne pouvait accéder à ses données qu’en croisant plusieurs rapports et en recoupant les remontées d’association. Voilà qu’Emmanuel Macron, tout affairé à la lutte contre le séparatisme, a annoncé que 50 000 enfants étaient scolarisés à domicile, ce chiffre étant de 35 000 il y a cinq ans. C’est un terrible désaveu de l’école républicaine et laïque qui n’est plus capable d’instruire correctement les enfants. La plupart des parents qui choisissent l’école à la maison le font pour des raisons de commodités organisationnelles et pour permettre à leurs enfants de recevoir une instruction de qualité. Interdire l’école à la maison, c’est donc intégrer en septembre 2021 50 000 enfants supplémentaires dans l’école d’État. C’est techniquement impossible, car jamais le ministère ne pourra en supporter le coût financier et répondre aux besoins humains que cela suppose.
Les classes ayant en moyenne 30 élèves, 50 000 élèves en plus à l’école représentent près de 1 600 classes à créer. Soit autant d’instituteurs à embaucher. Ne connaissant pas l’âge de ces élèves il n’est pas possible de savoir lesquels iront à l’école et lesquels iront au collège. S’ils vont au collège, il faudra recruter encore plus de professeurs, en langues, en mathématiques, en physique, etc. des disciplines où la pénurie est forte. Confrontée au double phénomène d’un accroissement des démissions et d’une absence de candidats aux concours, l’Éducation nationale n’est plus en mesure de mettre les professeurs nécessaires en face des élèves. Lui rajouter 50 000 élèves à la rentrée prochaine, c’est accroître encore davantage une machine qui est déjà très fortement sous tension.
Impossible de créer les classes nécessaires
1 600 classes représentent une centaine d’établissements scolaires, étant bien entendu que les élèves scolarisés à domicile ne sont pas répartis de façon égale sur le territoire. Toujours est-il que pour les intégrer dans le système national d’éducation il va falloir créer de nouveaux établissements. Donc, trouver des terrains à bâtir et investir dans de nouvelles écoles. Recruter des chefs d’établissement, des administratifs, du personnel d’entretien, des surveillants, etc. Le coût d’investissement est colossal et ne pourra jamais être mobilisé d’ici septembre 2021. Quand bien même l’État disposerait des moyens financiers, il n’aura jamais le temps de construire ces établissements d’ici la rentrée prochaine.
À cela s’ajoutent les coûts de fonctionnement. Le coût moyen d’un élève du primaire est de 6 200€ annuel, celui d’un collégien de 8 600€. Intégrer 50 000 élèves dans l’école publique représente donc une dépense annuelle de près de 4 milliards d’euros. Jamais l’État ne trouvera l’argent nécessaire pour supporter et l’investissement et le fonctionnement généré par une telle décision.
Souvenons-nous d’une promesse de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron : le dédoublement des classes de ZEP pour passer de 26 à 13 élèves par classe. Outre que cette mesure est inutile sur le plan pédagogique elle était impossible à réaliser sur le plan technique : dédoubler les classes signifie multiplier par deux le nombre de classes, donc d’instituteurs et d’établissements. Cette mesure n’a jamais été appliquée. Jean-Michel Blanquer a fait quelques dédoublements en Seine-Saint-Denis, pour donner le change et faire croire à son application, et tout s’est arrêté.
Il en ira de même pour cette mesure. Les parents qui instruisent leurs enfants à la maison font réaliser d’importantes économies à la collectivité nationale : ils payent pour un service qu’ils ne consomment pas.
Attendons donc les mois à venir et voyons comment le ministère de Grenelles va se dépatouiller de cette idée qui ne pourra pas aller plus loin que le papier.
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