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lundi 30 septembre 2013
Lors de sa convention de septembre 2013 consacrée à l’éducation, l’UMP a fait de la liberté à l’école le thème majeur de sa refondation scolaire. À ma connaissance, c’est la première fois qu’un parti de gouvernement désigne la liberté scolaire comme solution aux maux de l’école. Depuis de nombreuses décennies, c’était les moyens qui étaient mis en avant, y compris à droite. C’est un tournant conceptuel majeur dans le monde politique et dans le monde de l’éducation, et il faut le saluer comme tel. Mais si la droite a souvent eu de bonnes idées quand elle était dans l’opposition, elle est régulièrement revenue à une politique sociale-démocrate quand elle était au pouvoir. Espérons que, si l’UMP revient aux affaires en 2017, elle applique son programme scolaire, qui présente des avancées considérables pour la reconstruction de l’école.
Je note ici des propositions qui me semblent aller dans le bon sens :
1/ Associer les parents à la vie de l’école.
Le rapport rappelle que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, et que l’école doit être le prolongement de cette éducation. Il ne doit pas y avoir concurrence dans l’éducation. Du reste, les parents sont ceux qui payent l’école (comme contribuable pour le public, comme client pour le privé), et ceux qui y mettent leurs enfants. Il est donc normal qu’ils aient un droit de regard.
2/ Donner plus d’autonomie aux établissements. L’UMP propose que les chefs d’établissement puissent recruter librement leur équipe pédagogique, que les professeurs soient évalués par l’établissement, et que ceux-ci puissent adapter leur pédagogie à leurs élèves.
Ces mesures sont le minimum pour qu’un établissement puisse fonctionner correctement.
3/ Créer des écoles à chartes. Les écoles à chartes sont des écoles créées par des particuliers ou des associations autour d’un projet pédagogique innovant, et très souvent tournées vers l’éducation d’enfants en difficulté. Elles sont entièrement financées par l’État. Cette proposition est la plus novatrice, car elle fait voler en éclat le dogme de la nationalisation de l’école.
4/ Autre mesure qui la rejoint : accorder les subsides en fonction du nombre d’élèves, et non pas en fonction des établissements. Le terme chèque scolaire n’est pas évoqué. Par prudence ou par manque de courage ? Toujours est-il que la définition qui est donnée à ce mode de financement est bien celle du chèque scolaire. Enfin de vraies idées libérales !
5/ Réformer les statuts des enseignants. Faire en sorte que les professeurs ne se contentent pas de donner des cours, mais qu’ils assurent aussi du préceptorat, et qu’ils passent du temps avec les élèves pour discuter de leur orientation. Faire donc de vrais professeurs, qui soient des maîtres de vie, et pas uniquement des dispensateurs de cours. La rémunération serait proportionnée à ce travail supplémentaire.
Seul bémol dans ce souffle de liberté, la rengaine sur les TICE et l’équipement numérique. Certes, il est nécessaire d’équiper les classes en outils informatiques, et l’on peut faire du bon travail avec cela, mais le rapport de l’UMP reprend pratiquement le rapport Fourgous, dont j’avais montré qu’il est, à mes yeux, dangereux, dans le sens où il introduit à grand bruit le pédagogisme, qui est l’autre plaie du système éducatif. Pédagogisme d’ailleurs que le rapport UMP ne dénonce jamais.
Enfin, dernières bonnes mesures, la suppression du collège unique, avec la valorisation des filières techniques et professionnelles, et la suppression de la carte scolaire.
Oui, ces propositions sont très encourageantes. Mais malheur à vous hommes politiques, si vous promettez la liberté et si vous ne l’accordez pas à votre peuple une fois au pouvoir.
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