Vous êtes ici : Accueil > Articles > Des illusions fiscales
jeudi 26 juillet 2018
Quiconque a lu Frédéric Bastiat (1801-1850) n’a pu qu’être frappé par l’élégance du style et la puissance du verbe. D’une plume parfois moqueuse, souvent acerbe, toujours virtuose, ses pamphlets en font un formidable initiateur à l’économie politique. Devant le formalisme mathématique développé sans fin par tant de nos économistes contemporains, la lecture de Bastiat est un bain de jouvence. Avec lui, l’homme est acteur ; plus encore, il est au centre de la réflexion. Ce faisant, Bastiat ouvre la voie à Schumpeter et Mises. Il montre que la compréhension de l’économie commande d’abord une parfaite compréhension du rôle de l’action humaine et de ses ressorts mentaux.
Quiconque l’a compris ne peut qu’être convaincu de l’absurdité du protectionnisme et immunisé contre les illusions de l’État-providence. Il en est ainsi de plusieurs générations de lecteurs américains, jusqu’au Président Reagan lui-même, qui avait Bastiat comme livre de chevet. Nul n’étant prophète en son pays, l’œuvre du grand économiste demeure hélas largement inconnue en France. Tout juste connaît-on sa célèbre Pétition des fabricants de chandelles adressée aux députés en 1845, demande imaginaire où, fustigeant ironiquement l’« intolérable concurrence » du soleil afin d’obtenir du législateur la fermeture des fenêtres, il tourna en ridicule les protectionnistes. De même se remémore-t-on parfois quelques formules ciselées comme des citations fameuses, telle celle définissant l’État comme « la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ».
Le quasi-anonymat de Bastiat frappe d’autant plus qu’émane de ses écrits un précieux parfum de contemporanéité. En pays d’État, où le débat d’idées ne fait certes pas recette, mais où dépenses, déficits publics et prélèvements obligatoires demeurent à un niveau dangereusement élevé sans perspective de reflux réel, le lire n’a peut-être jamais été aussi nécessaire.
Thème(s) associés :