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mercredi 10 avril 2019
La discrimination est aujourd’hui interdite par de nombreuses lois et très mal perçue par l’opinion. Elle est associée à une faute morale, à une atteinte à l’égalité, à un jugement malsain des personnes. Pourtant, discriminer est un acte naturel et quotidien. La discrimination est un choix libre effectué par les personnes. Choisir ses vêtements, sa nourriture, le lieu de son habitation, son conjoint, etc., c’est effectuer une suite de discrimination. Mais depuis la loi Pleven de 1972, une série de lois et de décrets ont été pris qui restreignent le champ possible des choix libres et qui criminalise des actions libres naturelles. Ainsi, un employeur ne peut plus recruter sur des critères de sexe, de langue, de religion. Et l’auteur de citer des exemples, comme ce charcutier condamné pour n’avoir pas recruté un musulman, alors qu’il refusait de toucher le porc par respect pour sa religion, ou bien Abercrombie, condamné pour n’avoir voulu recruter que des vendeurs à la plastique attrayante, afin de se conformer à l’image de la marque. Ce que démontre bien l’auteur, qui est par ailleurs avocat au barreau de Paris, c’est que la nature du droit a été dévoyée. Alors que celui-ci doit servir à poser les fondements d’une société libre et permettre la libre expression des personnes, le droit est devenu un instrument d’oppression, favorisant la constitution d’une tyrannie des juges et des magistrats qui échappe au pouvoir populaire. Cette déviance invisible pour les non-initiés modifie les rapports humains et le fonctionnement de la société.
La hantise de la discrimination conduit aussi à provoquer l’effacement de la culture française au profit de cultures extérieures, parfois jusqu’à l’absurde. Ainsi, une entreprise de BTP ne peut pas sélectionner ses ouvriers sur le critère de la maîtrise de la langue française, alors que pour certaines opérations délicates il est essentiel que les ouvriers ou les conducteurs d’engins sachent lire et comprendre le français. Argumenté de très nombreuses références et puisant autant chez les auteurs littéraires et philosophiques que chez les juristes (comme Jean Carbonnier, Jean-Louis Harrouel et Michel Villey), Thibault Mercier démonte aussi les soubassements intellectuels de cette dérive juridique. Les conséquences juridiques de la non-discrimination que nous subissons sont les conclusions d’une révolution intellectuelle commencée bien en amont. Portée par des auteurs comme Michel Foucault ou Jacques Derrida, ce processus de déconstruction cherche à affaiblir la pensée européenne, en lui ôtant tout élément de résistance intellectuel et aujourd’hui juridique pour la soumettre aux assauts extérieurs. C’est un processus classique de constructivisme qui vise, par le droit et la pensée, à dissoudre les capacités de résistance intellectuelle.
Le droit arme de guerre
Ce que Thibault Mercier analyse ici sur le plan de la politique intérieure, est le même processus qui est à l’œuvre en politique extérieure avec la guerre du droit et la stratégie de l’intimidation. L’intimidation permet d’annihiler les défenses immunitaires intellectuelles, la guerre du droit permet ensuite de gagner les combats, sans avoir même à combattre.
L’interdiction de la discrimination est donc une atteinte aux libertés individuelles et nul ne sait encore jusqu’où cette atteinte va porter : imposition des lieux de logement, du conjoint, organisation de l’éducation des enfants… une fois que les principes juridiques ont été sapés, la tyrannie du droit peut aller très loin. L’ouvrage a le mérite de la synthèse, et donc de présenter les points saillants de façon immédiate. Il propose aussi une réflexion intéressante sur la frontière comme garante des libertés publiques, du droit et de la rationalité, à l’image de l’Athéna à la borne du musée de l’Acropole, qui donne son titre au livre et qui illustre la couverture.
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