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lundi 17 juin 2013
Voici une série de documents, lettres de républicains et rapport de la Convention, qui atteste de l’existence voulue et planifiée d’un génocide en Vendée durant la révolution.
Westermann écrit au Comité de Salut Public :
« Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m’avez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré des femmes, qui, au moins pur celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé. »
« Mon ami, je t’annonce avec plaisir que les brigands sont bien détruits. Le nombre qu’on en amène ici depuis huit jours est incalculable. Il en arrive à tout moment. Comme en les fusillant c’est trop long et qu’on use de la poudre et des balles, on a pris le parti d’en mettre un certain nombre dans de grands bateaux, de les conduire au milieu de la rivière, à une demi-lieue de la ville et là on coule le bateau à fond. Cette opération se fait journellement. » Lettre d’un citoyen au représentant du peuple Minier.
Lettre de Turreau au Comité de Salut Public :
« Je vous demande une autorisation expresse ou un décret pour brûler toutes les villes, villages et hameaux de la Vendée qui ne sont pas dans le sens de la Révolution et qui fournissent sans cesse de nouveaux aliments au fanatisme et à la royauté. » Plus loin il écrit à ses lieutenants :
« Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises, seront passés au fil de la baïonnette. On agira de même avec les femmes, filles et enfants (. . .). Les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées. Tous les villages, bourgs, genêts et tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes. »
Le 8 février 1794 le Comité répond :
« Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et pures mais, éloigné du théâtre d’opération, il attend les résultats pour se prononcer : extermine les brigands jusqu’au dernier ; voilà ton devoir. »
Turreau et les autres généraux font des rapports réguliers de leurs exactions à la Convention, celle-ci sait donc ce qui se passe et combien de gens périssent. Le 24 janvier il écrit encore :
« Mes colonnes ont déjà fait des merveilles ; pas un rebelle n’a échappé à leurs recherches. Si mes intentions sont bien secondées, il n’existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants. Il faut que tout ce qui existe de bois, de haute futaie dans la Vendée soit abattu. » Une autre lettre de l’officier de police Gannet :
« Amey fait allumer les fours et lorsqu’ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations ; il nous a répondu que c’était ainsi que la République voulait faire cuire son pain. D’abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes, et nous n’avons trop rien dit ; mais aujourd’hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu’ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles des royalistes manquant, ils s’adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà, à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n’étaient coupables que d’adorer la nation. »
Le capitaine Dupuy, du bataillon de la Liberté, adresse à sa sœur en janvier 1794 deux lettres très explicites :
« Nos soldats parcourent par des chemins épouvantables les tristes déserts de la Vendée. Partout où nous passons, nous portons la flamme et la mort. L’âge, le sexe, rien n’est respecté. Hier, un de nos détachements brûla un village. Un volontaire tua de sa main trois femmes. C’est atroce mais le salut de la République l’exige impérieusement. Quelle guerre ! Nous n’avons pas vu un seul individu sans le fusiller. Partout la terre est jonchée de cadavres ; partout les flammes ont porté leur ravage. »
« Les délits ne sont pas bornés au pillage. Le viol et la barbarie la plus outrée se sont représentés dans tous les coins. On a vu des militaires républicains violer des femmes rebelles sur des pierres amoncelées le long des grandes routes et les fusiller et les poignarder en sortant de leurs bras ; on en a vu d’autres porter des enfants à la mamelle au bout de la baïonnette ou de la pique qui avait percé du même coup la mère et l’enfant. » Le chirurgien Thomas écrit :
« J’ai vu brûler vifs des femmes et des hommes. J’ai vu cent cinquante soldats maltraiter et violer des femmes, des filles de quatorze et quinze ans, les massacrer ensuite et jeter de baïonnette en baïonnette de tendres enfants restés à côté de leurs mères étendues sur le carreau. »
Source : Le génocide franco-français. La Vendée Vengée, Reynald Sécher, PUF, 1986.
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