Europe centrale : le nouveau compromis danubien

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jeudi 27 septembre 2018

Il y a un siècle déjà disparaissait la double monarchie d’Autriche-Hongrie. Disparition en plusieurs temps, comme les valses du bord du Danube : d’abord la dissolution de l’État à la suite de la défaite de 1918, puis la ratification de cette séparation avec les traités de Saint-Germain-en-Laye (1919) et de Trianon (1920). Un empire vieux de mille ans ne disparaît pas sans conséquence et sans secousse. La mémoire des peuples et le temps long de l’histoire le font ressurgir aujourd’hui, sous une autre forme, mais en replaçant le pôle danubien au centre de l’Europe.

Un Habsbourg, deux couronnes

Étrange destin que celui de la famille Habsbourg, qui par suite de mariages, d’héritages et de victoires a fini par contrôler une grande moitié de l’Europe. À l’époque moderne, la diplomatie française a consisté à desserrer l’étau de cette famille présente à Madrid et à Vienne. Qui dit Madrid signifie également l’Amérique. Qui dit Vienne, signifie une grande partie de l’Europe centrale et de l’axe danubien. C’est Louis XV qui infléchit la diplomatie française, comprenant que l’adversaire est désormais du côté de la Prusse naissante et moins du côté de Vienne. D’où le mariage de son petit-fils, futur Louis XVI, avec une princesse autrichienne. Napoléon n’a fait que copier Louis XV lors de son deuxième mariage. L’Autriche est la grande puissance victorieuse de la Révolution et de l’Empire, raison pour laquelle c’est elle qui accueille le congrès qui doit redessiner la carte de l’Europe à partir de 1814. Un siècle plus tard, Versailles fut pour la France la revanche de ce congrès perdu.

En 1848, à dix-huit ans, François-Joseph devient empereur d’Autriche. Il le reste jusqu’en 1916. Né en 1830, ce jeune homme a été éduqué dans l’aversion pour la Révolution et la défense de la Sainte-Alliance conclue par Metternich avec la Russie et l’Angleterre. L’Autriche perdant son influence en Italie et en Allemagne, conséquence du mouvement libéral des nationalités, il se décide à définir un nouveau pacte politique avec la Hongrie. S’alliant avec l’aristocratie hongroise, il est couronné roi de Hongrie en 1867 et son empire prend désormais le nom d’Autriche-Hongrie. L’aigle à deux têtes, héraldique de l’Empire depuis l’époque médiévale, retrouve une nouvelle jeunesse. La Double monarchie, dite aussi Monarchie danubienne, est le résultat d’un compromis politique. Cela assure de nouvelles bases au royaume et lui permet de faire face à l’unification de l’Allemagne. Une union douanière complète cette union politique. Face à l’Allemagne qui redevient une puissance du Rhin, la Double monarchie tente d’être la grande puissance du Danube. Ce compromis austro-hongrois se fait au détriment des autres peuples, notamment les Tchèques, les Slovaques, les Serbes, qui aimeraient avoir une plus grande autonomie.

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