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jeudi 23 février 2017
La géographie électorale est une discipline qui avait le vent en poupe dans les années 1960-1970 et qui a été un peu laissée à l’abandon. Il s’agit pourtant de constater que les territoires, régions ou départements, votent majoritairement pour un parti ou pour des idées, et de se demander pourquoi les personnes habitant dans ce territoire votent pour tel parti ou telle idée plutôt que pour d’autres. Il y a ainsi deux visions du vote qui s’opposent : une vision sociologique et une vision territoriale.
Pour la vision sociologique, les gens votent en fonction de la classe sociale à laquelle ils appartiennent. Le vote n’est donc pas lié au territoire. Pour la vision territoriale, il y a au contraire des traditions politiques ancrées dans les lieux, qui s’affranchissent des cadres sociologiques. La cartographie électorale permettant alors de représenter cette géopolitique de l’élection. Les deux visions ne s’excluent d’ailleurs pas, le danger étant de les fixer dans un déterminisme figé sans voir les dynamiques qui les parcourt. Un territoire a pu voter pour un parti à un moment donné et pour un autre ensuite. C’est le cas notamment de la Bretagne, bastion de la droite jusque dans les années 1980 et qui a basculé très rapidement, au point d’être aujourd’hui un bastion de la gauche. Aux dernières élections régionales Jean-Yves Le Drihan fut le candidat le mieux élu. Or la composition sociologique de la Bretagne est similaire à d’autres régions, y compris des régions qui votent à droite. À appartenance sociologique similaire il y a donc des votes différents, et c’est la logique territoriale, donc géopolitique, qui permet de comprendre ces différences.
Un vote ancré dans l’histoire des régions et dans les mémoires collectives
La géographie électorale est aussi une discipline historique puisqu’elle s’attache aux permanences. Ainsi, en Ardèche, on constate que les villages protestants votent à gauche, et les villages catholiques à droite. Si la distinction religieuse a perdu sa pertinence aujourd’hui et n’a plus la vivacité aigüe du XVIe-XVIIe siècle, en revanche les clivages politiques demeurent. Permanence également du midi toulousain, terre radicale, dont on peut faire naître la vocation politique à l’époque de la croisade contre les cathares (XIIe-XIIIe siècle). Même si cet épisode ne fut pas la lutte du Nord contre le Sud, comme certains régionalistes veulent le faire croire, mais une guerre beaucoup plus complexe avec des alliances de part et d’autre, elle a laissé l’impression que le nord capétien avait conquis le sud libre. De cette impression est restée une méfiance vis-à-vis du pouvoir central, et notamment du roi, qui s’est traduit par une adhésion à la république, et ensuite à la gauche et au socialisme.
Cartographie électorale
La France de droite recoupe essentiellement la France de l’Est et du Sud-Est -avec une bande continue de la Bourgogne à la Savoie. À cela s’ajoute la France de l’Ouest, de la Mayenne à la Vendée et l’ouest de l’Île-de-France.
La France de gauche recoupe elle le Sud-ouest, la Bretagne, le centre de la France : Corrèze, Limousin, Auvergne.
Ce que dessine la géographie électorale, cette carte de la France de gauche et de la France de droite, c’est la carte de la France protégée et de la France ouverte. La France protégée vote majoritairement à gauche, quand la France ouverte et exposée vote à droite. Cette coupure Est/Ouest et Nord/Sud en est un grand révélateur.
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