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mardi 20 novembre 2012
Le rôle décisif du père dans l’éducation des enfants.
Que voulons-nous pour nos enfants ? Qu’ils réussissent leur vie, c’est-à-dire qu’ils soient heureux. L’œuvre éducative se mesure à cette aune : avons-nous été capables de fournir à nos enfants des concepts spirituels et des modèles de vie leur ayant permis, s’ils les ont suivis avec la liberté inhérente à chaque personne humaine, d’être des adultes heureux. On pourra bien sûr disserter longuement sur la notion du bonheur. Le bonheur peut se conceptualiser, il peut se penser, mais il se vit surtout. Un homme sait s’il est heureux ou s’il est malheureux, sans qu’il ait besoin de théoriser sur ce qu’est le bonheur.
Les éditions du Laurier viennent de republier un livret de James Stenson, professeur d’Histoire et de Littérature aux États-Unis, sur le rôle décisif du père dans l’éducation des enfants. Notre société étant de plus en plus féminisée, avec notamment une féminisation croissante du corps professoral, le rôle du père semble obscurci et négligé, alors même que son action est fondamentale pour une saine éducation des enfants. Son rôle est différent de celui de la mère ; différent et complémentaire. Il est vrai que les divorces nombreux contribuent aussi à réduire et à affaiblir le rôle du père. Beaucoup d’enfants ne voient plus leur père, ou ne le voit qu’à temps partiel, lors des week-ends ou des vacances. Cela est très préjudiciable car alors le père ne cherche pas à éduquer ses enfants, mais à profiter du peu de temps passé avec eux pour jouer ou pour leur faire passer un bon moment. Si cette attitude est compréhensible elle est en revanche préjudiciable à une saine éducation, notamment pour les garçons, qui ont besoin de modèle masculin, et qui n’en trouvent pas chez leur père. Beaucoup de troubles des garçons ont pour cause première l’absence du père, ou la mauvaise présence, celle d’un père joueur et amuseur et non pas viril et gardien de la masculinité.
Ce livret a l’avantage d’être bref. En quelques pages tout est dit, nul besoin de long traité d’éducation. Je vais ici présenter quelques points importants avancés par l’auteur, grand connaisseur des enfants et du rôle des parents.
1/ Le rôle des parents en général, et du père en particulier, est de faire des adultes. L’adolescence n’existe pas, c’est une invention du marketing psychologique et commercial. On est enfant, puis on est jeune adulte, avant de devenir un adulte mûr. Beaucoup d’enfants restent enfants, c’est-à-dire sont adolescents, ce qui correspond à des adultes immatures, à des enfants qui refusent de grandir.
L’enfant doit avoir des modèles d’adultes pour désirer le devenir. Le père est le premier modèle. Il peut aussi y avoir des oncles, des amis de la famille, des cousins. Mais fondamentalement, le père doit être un modèle, aussi bien pour les garçons que pour les filles, c’est-à-dire quelqu’un que l’on veut imiter, et en même temps que l’on sent confusément inatteignable. Il doit y avoir une part de mystère dans le père, que ce dernier ne doit pas chercher à dissiper. On aime bien que ce que l’on sent confusément inaccessible.
2/ Le père doit être préoccupé par la volonté de former le caractère de ses enfants. L’éducation n’est pas là pour former à un métier ou à une carrière. Les parents préoccupés par la carrière de leur enfant sont peut être pleins de bonnes intentions mais ils se trompent lourdement. D’abord parce que celle-ci est impossible à prévoir, comment connaître les évolutions économiques sur 50 ans ?, mais aussi parce que c’est la formation du caractère qui prime sur tout le reste.
Si l’enfant a un bon caractère, il aura une bonne carrière, et il sera heureux, dans sa vie professionnelle et dans sa vie familiale. L’inverse n’est pas forcément vrai.
3/ Le père est le modèle des vertus morales et sociales. Il est le lien avec l’extérieur. La mère, quant à elle, est là pour apprendre à gérer un foyer. La mère a porté son enfant pendant les neuf mois de sa conception, elle a donc un rapport intime et intérieur avec celui-ci. Le père est extérieur, c’est pourquoi sa fonction est de lui apprendre à affronter le monde extérieur.
4/ Pour l’enfant, et pour le jeune adulte, il est crucial d’avoir d’autres modèles d’adultes : oncles, cousins, amis parentaux. Les enfants, surtout les garçons, cherchent des hommes au caractère fort, des hommes sur qui ils peuvent compter et s’appuyer.
Les enfants font beaucoup de tests pour voir jusqu’où ils peuvent aller, c’est un moyen pour eux de se former. Les enfants testent les adultes. Les adultes doivent le savoir, ils doivent voir quand un enfant le test, pour lui répondre par la vertu de force et par un caractère viril.
5/ Le père doit lire avec ses enfants. Il doit discuter avec eux, de façon individuelle. Beaucoup d’enfants ne parlent presque pas avec leurs parents. Un peu avec leur mère, surtout si celle-ci se consacre à son foyer, mais presque pas avec son père. Il est fondamental d’échanger avec eux, de consacrer quelques minutes par semaine à l’échange d’idées, à la discussion, à la confrontation des idées aussi. Voilà un domaine où les enfants testent les adultes.
6/ Le père doit prendre au sérieux ses enfants. Pour cela, il ne doit pas hésiter à leur demander leur avis, à leur confier des responsabilités, surtout aux garçons. Avoir confiance dans ses enfants, c’est accepter qu’ils se trompent, qu’ils nous mentent. Les parents savent quand les enfants mentent, mais il faut prendre le risque de la liberté ; cela en vaut la peine.
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