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vendredi 25 mai 2018
Nous l’évoquions dès novembre, au moment où la réforme Parcoursup a été annoncée, le risque de crash était majeur. Il fut moins important que ce que beaucoup craignait, mais bien là. Dès 18h, au moment de l’ouverture de la plateforme, les lycéens se sont rués pour voir leurs résultats, provoquant un bug du site puis le bug des sites de débordement. La normale est revenue dans la soirée.
Seule la moitié des lycéens ont eu des réponses positives, contre plus des trois quarts avec l’ancien système, APB. Les places se libèrent au fur et à mesure que les lycéens renoncent à leurs vœux en attente, permettant à d’autres d’obtenir des places. Un jeu de chaise musicale qui est remis à jour chaque matin. Les lycéens doivent donc attendre tous les jours leurs nouvelles propositions. L’engorgement du système, l’opacité des choix, l’attente sans résultat pour beaucoup sont les conséquences d’un système à bout de souffle : celui du monopole de l’école.
Les universités ont dû recevoir et classer tous les dossiers reçus, ce qui en représente plus de 10 000 pour certaines. Même en passant peu de temps à étudier chaque dossier, moins de 5 minutes, cela représente un temps très important, pour lequel il a fallu mobiliser de nombreux personnels et professeurs. On comprend alors le sens de la grogne à l’encontre de cette nouvelle procédure. La faute de ce crash n’en revient pas aux ministres de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, mais à un système monopolistique qui ne peut que s’engorger. Pourquoi avoir un guichet unique pour faire ses vœux, alors que chaque établissement pourrait traiter cela indépendamment, avec ses propres critères ? Pourquoi refuser aux universités de sélectionner à l’entrée, les obligeant à trier et classer des milliers de dossiers ? L’actuel gouvernement a tenté de panser un système qui ne fonctionne plus, comme avaient tenté de le faire les précédents gouvernements avec des refontes plus ou moins importantes d’Admission post-bac (APB).
Tant que l’on refuse de toucher à la structure même du système, on ne pourra qu’avoir des crashs et des bugs majeurs chaque année. Parcoursup n’est adapté ni à l’enseignement de masse ni à l’internationalisation de l’enseignement. Il cherche seulement à répartir les lycéens dans les études, en optimisant la ressource. Un système de planification soviétique qui montre ses limites.
Le monopole fissure de partout
Il n’y a pas que Parcoursup qui est asphyxié : c’est tout le ministère qui ne fonctionne plus. Cette semaine, on a appris que le rectorat de Besançon recrutait des enseignants contractuels via Pôle Emploi afin de pallier le manque de professeurs. Ce sont 200 postes qui sont recherchés. Le rectorat de Versailles est lui à la recherche de 600 professeurs, en série technologique comme en général. Comme chaque année depuis le début des années 2000, il y a de moins en moins de candidats aux concours d’enseignement et les recrutements de contractuels n’arrivent plus à pallier ces trous. Le manque s’amplifie d’année en année avec les départs à la retraite et les démissions. L’Éducation nationale passe des annonces discrètes dans la presse et Pôle emploi pour combler ses manques sans alerter la population sur la situation dramatique de son personnel. Le crash de Parcoursup, qui est celui d’un système monopolisé et étatisé, est celui de l’ensemble de l’enseignement et de l’école française. Jean-Michel Blanquer a tenté de soigner la plaie, sans succès ; le cancer est trop diffusé. D’ici cinq ans, ce manque criant de professeurs va devenir très problématique. Comme les ratés constants de Parcoursup, qui finissent par décourager les lycéens et leurs parents. C’est l’essence même du système qu’il faut changer.
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