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dimanche 21 juillet 2019
La France est un territoire découpé entre de multiples entités administratives, et cela ne semble pas assez à certains aménageurs qui en voudraient encore plus. Commune, communauté de communes, communauté d’agglomération, syndicat de communes, canton, département, région, Etat, Union Européenne, voilà pour les couches principales. En ce moment le département est dans la ligne de mire, de récents rapports ont notifié le souhait de le faire disparaître, étant trop gros par rapport à la commune, et trop petit par rapport à la région.
Le département est né du souhait des révolutionnaires de 1789 de faire disparaître les pays et les provinces françaises afin de créer une entité administrative sans lien ni avec la géographie, ni avec l’histoire. Cela est tout à fait conforme avec la philosophie des Lumières qui consiste à bâtir un homme nouveau, dénoué d’attachements et de références culturelles. C’est pourquoi les noms choisis n’ont aucun rapport avec l’histoire, mais s’inspire des cours d’eau qui les traversent : Tarn, Aveyron, Seine et Marne, Loire Inférieure . . . D’un point de vu administratif le Pays Basque, l’Anjou, la Picardie n’existent pas. L’idée est répandue que la taille des départements aurait été choisie en fonction de la possibilité de rejoindre la préfecture en une journée de marche. C’est complètement faux, il n’y a qu’à regarder la configuration des départements pour se rendre compte qu’il est impossible d’effectuer un tel trajet dans un laps de temps aussi court au XVIIIe siècle. Mais cette idée sert maintenant l’argument inverse, celui qui consiste à dire que puisque les temps de transport ont été diminués il faudrait créer des départements plus grands, c’est-à-dire passer au stade des régions. Mais que le département ait été créé pour de mauvaises raisons ne signifie pas que l’on doive se réjouir de sa disparition.
En effet les conseillers généraux sont beaucoup plus proches de leurs électeurs que les conseillers régionaux, ils sont attachés à des territoires plus restreints et sont donc mieux à même d’en comprendre les problématiques. D’autre part on ne peut pas nier qu’il y a un attachement au département, attachement totalement absent pour la région. Enfin se serait obligé des personnes qui ont des oppositions culturelles et sociologiques fortes à vivre ensemble : comment faire accepter à la population que le 92 et le 93 soient fusionnés ? Qu’on le veuille ou non, la mixité est contre nature, et elle ne fonctionne jamais. C’est bien ennuyeux car la géographie est le terrain de chasse favori de l’idéologie.
S’il faut simplifier la carte administrative la suppression des départements n’est certainement pas une bonne idée. Alors plutôt que de créer du neuf pourquoi ne pas se tourner vers ce qui existe déjà, à savoir les provinces françaises ? Nous avons vu le Valois et le Hurepoix, mais on pense aussi à la Picardie, à l’Artois, au Hainaut, et les Flandres, la Normandie, la Bretagne, le Maine, l’Anjou, l’Aunis, la Saintonge, l’Angoumois, la Guyenne, la Gascogne, le Béarn, le Pays Basque, le Comté de Foix, le Roussillon, le Languedoc, le Rouergue, le Quercy, l’Auvergne, le Limousin, la Marche, le Berry, la Touraine, l’Orléanais, la Champagne, la Lorraine, l’Alsace, la Franche Comté, la Bourgogne, le Nivernais, le Bourbonnais, le Lyonnais, le Dauphiné, la Savoie, le Comtat Venaissin, la Provence et le Comté de Nice. Depuis la création des départements en 1789 ces pays n’ont aucune existence légale et il fallu attendre la création administrative des régions pour que de nobles provinces, telles que l’Alsace ou la Bourgogne soient officiellement reconnues. Mais que dire des autres, comme le Rouergue et le Maine, fruits de l’histoire et dont on trouve encore aujourd’hui des permanences aussi bien économiques que géographiques ? A l’heure où l’on s’interroge sur la pertinence des départements, qui n’ont aucun fondement humain et culturel et qui ont été créés dans le seul but d’effacer l’histoire de France, ne serait-il pas utile de restaurer les anciennes provinces françaises ? Pourquoi vouloir créer des unités administratives artificielles quand il existe des groupements humains qui ont un sens ? Ces provinces offrent un bon compromis en terme de superficie et d’occupation humaine, elles ont une existence historique qu’il a été impossible de détruire en dépit d’une farouche volonté politique, elles peuvent donc tout à fait être une réponse aux interrogations sur l’aménagement du territoire. Ces provinces sont peu nombreuses, quarante en tout, c’est beaucoup moins que les départements actuels.
Nul ne sait encore ce qu’il adviendra de la réforme du conseiller territorial, mais ce que chacun sait c’est qu’il serait bon, pour une fois, qu’une réforme administrative prenne en compte aussi bien le facteur humain que culturel de la France.
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